VINCENT ROCA
 

15 juillet : Avignon, l'île aux Comiques

Charmant petit lopin de terre, perdu dans le golf du bancal, à quelques encablures de l’isthme de fadaise, entre la mer des sarcasmes, l’océan pathétique et les côtes de la Nouvelle Cacophonie. Notre parodie terrestre, quelque part entre fiel et thérapie. Le royaume des facétieux est à nous, c’est un jardin d’œdèmes où les egos se gonflent, les chevilles enflent, les nombrils boursouflent, les bourrichons se montent, les têtes grossissent, les oreilles sifflent, les torses bombent et les orgueils turgescent… ici, c’est la guerre ! Chacun monte sur les ergots du voisin, les rigolos font la gueule aux guignols, les poilants ruent dans les Bigard, les bouffons tirent sur les bidonnants, les marrants font la nique aux clowns. Suivant les contraintes du marché, on peut y trouver du gras, du lourd, du fin, du subtil, de la dentelle ou de la grosse ficelle d’emballage. Du ouf, du barge, de la poilade, de la déconnade, du gag, et, parfois, un peu d’humour, après la pluie, sous la mousse et les racines… Les plus malins se contentent de ramasser les sketches trop mûrs tombés par terre, ce n’est pas le labeur qui les intéresse mais l’argent du labeur… confiture de sketches, tarte aux sketches, eau-de-vie de sketches, tout est bon pour remplir les salles et rafler la mise ! Quand on pense que le mot « sketche », d’origine anglaise, signifie « esquisse » ! Ici, sur l’île aux Comiques, le soleil tape dure, mais ça pullule de champions d’esquisses ! Il n’y a presque plus de place au cimetière des éléphants ! Les tombes de Desproges et Coluche croulent sous les couronnes, le défilé des fils spirituels est ininterrompu, les cierges poussent comme le chiendent, arrosés par les larmes de crocodiles des comiques reconnaissants.

L'affaire Tournesol


1er juillet 2013

Festival d'Avignon 2013
Retour au théâtre des Béliers
- Vous vous re-Béliers ?
- Oui, et nous nous avinions aussi...







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