VINCENT ROCA
 

28 novembre : échec à la Tour

Que nous fait-elle
La Tour Eiffel
Tour de passe-passe
Tour de cochon
La brume se paie
La tour effilée
La tour est-ce elle,
la tête dans les nuages
La tour effacée
La tour a filé
La tour est faible
La tour est fêlée
La tour est ciel
La tour est fiel
La tour est frêle
La tour est folle
Elle perd la tête

C'est une tour
Du dernier gris

 


27 novembre


22 novembre : Selfie

Le selfie est à la photographie ce que le miroir est à la vitre, ce que le nombril est au paysage, ce que le psychanalyste est à l'ethnologue, ce que la protection rapprochée est à la couche d'ozone, ce que la scarification est au tir à l'arc, ce que l'introspection est à la démographie, ce que le furoncle est au tremblement de terre, ce que la flatulence est au cyclone, ce que le vélo d'appartement est à la route du Rhum, ce que le mal de dents est à la pandémie, ce que le journal intime est au web, ce que la fiche de paie est au P.I.B., ce que le maquillage est à l'exposition universelle, ce que le poil est à la forêt amazonnienne, ce que la note de frais est à la dette publique, ce que la ceinture est à l'équateur, ce que le paillasson est à la croûte terrestre, ce que le numéro de sécurité sociale est à l'espèce humaine, ce que les petites annonces sont au big bang, ce que l'empreinte digitale est à l'univers...

La perche à selfie est le cordeau qui tient en laisse le petit oiseau qui va sortir…

Selfie, en verlan : ficelle. Photographie de bout de ficelle. Travail de petit reporter. Photo à portée de main, de perche, pas plus loin que le bout de son nez, photo mcdo à consommer sur place. Autopromo, egoportrait, nombrilocliché.

SELFIE, tout juste sorti de la puberté, a déjà fait des petits en pagaille, LEGSIE, photo de ses propres jambes avec vue sur la plage ou la mer, FELFIE, une photo de soi devant sa vache, sa chèvre ou son tracteur, HELFIE une photo de sa dernière coiffure, BOOKSHELFIE devant sa bibliothèque, le tout récent USIE, selfie de groupe, et, j'allais l'oublier, BELFIE, une photo de son postérieur, autant dire un selfie de croupe ! À quand le BOUFFIE, une photo de ses bourrelets, le VARICELFIE, une photo de ses boutons et le CRUCIFIE, une photo de soi agonisant sur une croix...


21 novembre : champignons de Paris *



* dorés à la Russe

20 novembre :  ciel des Vosges *
"Le ciel est, par-dessus le toit si bleu, si calme !"



* de la place des Vosges

18 novembre : vue des coulisses...
On peut dormir sous les ponts et, au réveil, avoir une vue imprenable sur une gracieuse dame, de dos,
venue glisser ses pieds dans l'eau.
Et l'on a, en plus, la satisfaction de savoir qu'il y a au même moment, de l'autre côté, une foule énorme
qui s'agglutine pour la regarder sur la scène, de face, et qui croit se l'accaparer en l'appelant "notre" dame.



15 novembre


14 novembre
Preuves d'amour cadenassées histoire de ne pas tomber à l'eau... - Île Saint-Louis



13 novembre
Feux croisés


12 novembre
Tour d'horizon



11 novembre
En deuxième ligne quand même... et un peu agrippée à l'homme qui est devant...
(Galerie de tableaux en hommage aux femmes faisant partie de la garde républicaine - 18 Boulevard Henri IV Paris)


10 novembre
Deux tombes s'aimaient d'amour tendre...



9 novembre : tout ce potin pour Pétain, putain !

Je suis un lointain descendant de la soeur cadette de Henri Beyle dit Stendhal, (mon arrière-arrière-arrière grand'mère !) et le Maréchal Pétain fut le témoin de mariage de ma mère en 1935. Je peux donc, selon mon envie, arborer l’un ou l’autre de ces deux fleurons à ma boutonnière. Ces feux fleurons, me dit-on, ne sortent pas du même pot : la soeur de Stendhal, comme l’expression l’indique, eut un frère qui fut un grand écrivain, l’autre, le Maréchal, fut un grand soldat puis un grand salaud. Notez que je ne fais pas beaucoup de différences entre le Pétain de la première guerre mondiale et celui de Vichy. Le premier a envoyé un million et demi de soldats français à l’abattoir, dont mon grand-père paternel, le second a fait déporter 25000 juifs. C’est l’horreur absolue dans les deux cas. Mais il est de bon ton de porter au nues le chef militaire et de clouer au pilori le patron de Vichy. Bref, la frangine à Bébeyle (qu'il surnommait "la rapporteuse") ou le vieux moustachu, je ne suis évidemment responsable ni de l’un ni de l’autre. J’ai dans le sang quelques gènes littéraires et sur mon paletot quelques brisures d’étoiles de maréchal. Suis-je pour autant un grand romancier ? Un grand militaire ? Un collabo ? Un traître ? Non, bien sûr. Or il se trouve que celui de ces deux fleurons qui donne une petite indication sur là d’où je viens, je n’y peux rien, c’est le bâton du maréchal : ma mère, pour pouvoir choisir Pétain comme témoin de mariage, en 1935, ne sortait pas de la cuisse du Front populaire, elle vivait dans un « certain milieu » comme on dit, son père fut chef-d’état-major de Pétain en 17, elle épouse un officier de Saint-Cyr, ils se marient en grande pompe en l’église Saint-Augustin à Paris, il y a là le ministre de la Guerre, le ministre de l’Air, une floppée de généraux, et le Maréchal. Alors, ça m’est arrivé peut-être trois ou quatre fois en soixante ans, quand je montre à des amis la photo de mes parents passant sous les épées des élèves de Saint-Cyr, la palanquée de fourrures et d’uniformes, de képi et de robes longues et le vieux maréchal soutenu par deux officiers descendant les marches de l’église, les yeux ronds de mes amis me font sourire… Je ne suis pas fier (ah non, pas ce mot !) je suis amusé : voilà, moi, saltimbanque gribouilleur, humouriste patenté, taiseux invétéré, voilà là d’où je viens… Exhiber l’acte de naissance de Caroline-Zénaïde Beyle n’aurait pas le même effet. Quoique...

Et pour en revenir à l’actualité, que monsieur Macron fasse un hommage à Pétain car il fait partie de tous les grands chefs militaires de la première guerre mondiale, cela ne me pose pas de problème. Ce qui me pose problème, c’est qu’il fasse un hommage à tous les grands chefs mlitaires de la première guerre mondiale. Point.

Magnifique texte de Daniel Mermet
Là-bas si j'y suis
14-18 Novembre 2018

Ni Pétain ni aucun !
Ni Pétain ni les autres. En honorant nos brutes galonées, Macron ne fait que rabâcher le vieux mensonge des maîtres et de leurs larbins : historiens, militaires et politiciens. Faire croire que, du poilu au maréchal, ils ont héroïquement donné leur sang pour nous autres et pour la France. Des Résistants en somme ?

Daniel-Mermet-Première guerre mondiale.pdf

La chanson de Craonne :
Chanson de Craonne.pdf


Un joli portrait du Maréchal dans le livre de Lydie Salvaire "La compagnie des spectres" éditions du Seuil (Collection Points P561)

Portrait de Caroline-Zénaïde Beyle - Musée Stendhal à Grenoble


8 novembre
Poubelle sur pilotis - Île Saint-Louis - Paris




7 novembre 2018 : partir
Photo prise ce jour, rue des Pyrénées, Paris 20


- Il faut partir, vider les lieux, mettre les bouts
- On va où ?

- J’sais pas. Mais c’est pas le problème
- C’est quoi le problème ?
- S’en aller, calter, débarrasser le plancher
- Sans savoir où aller ?
- Oui, on met tout dans la voiture et on se tire
- Tu as vu tout ce qu’on a
- Ça rentrera. Je vais garer la viture devant
- Le frigo, aussi ?
- Tout. On ripe, on s’arrache, on met les voiles
- Les rideaux ?
- Tout je te dis. C’est pas compliqué. Sauf les larmes de parquet
- Quand tu as une idée dans la tête

- La voiture est pleine
- On met tout le reste sur la galerie
- Y’a pas de galerie
- Ça fait rien, on empile directement sur le toit
- Et le pneu là…
- On le mettra à la fin
- On attache comment ?
- Prend toutes les ficelles qui traînent
- Quand tu as une idée dans la tête
- C’est ça : foutre le camp, décarrer, se casser

- Qu’est-ce que je fais des clés ?
- Laisse-les sur la porte
- Le paillasson ?
- Met-le chez le voisin

- Je me mets où ?
- Ben tu vois bien qu’y’a plus de place !
- Quoi ?
- Salut !